Trois dermatologues de l'hôpital Notre-Dame participent
à une recherche internationale.
Avec une augmentation
d'incidence de 30 % au cours des 15 dernières années,
l'herpès génital est en train de devenir une pandémie.
Dans le but d'enrayer sa progression, une équipe internationale
de chercheurs, dont font partie trois dermatologues de l'hôpital
Notre-Dame, tente de mettre au point un vaccin.
«L'herpès labial et l'herpès génital
sont produits par deux types de virus différents, appelés
HSV1 et HSV2, et qui partagent 50 % de leur bagage génétique»,
dit le Dr Michel Lassonde, professeur adjoint de clinique à
la Faculté de médecine et membre de l'équipe,
tout comme les Dres Jacqueline Tousignant et Suzanne Chartier.
Un vaccin serait d'autant plus utile que l'herpès est considéré
comme la plus répandue des maladies transmises sexuellement.
Vingt-trois pour cent des Américains en seraient porteurs!
Pire: entre 60 % et 70 % des porteurs du virus ne le savent pas
et peuvent le transmettre.
Chez les adultes, l'herpès a des effets récurrents
durant toute la vie. La maladie peut être très dangereuse,
et parfois mortelle, pour un nouveau-né qui la reçoit
de sa mère.
Dans cette recherche, le vaccin étudié est prophylactique;
il ne renferme pas de matériel génétique.
Il est composé de la glycoprotéine D2 de l'enveloppe
du virus HSV2. «C'est cette enveloppe qui entre en contact
avec les cellules du sujet pour transmettre la maladie. Elle a
la forme d'un crochet qui lui permet de s'accrocher aux cellules
pour les pénétrer», dit le Dr Lassonde.
C'est ici que le principe du vaccin devrait s'appliquer. En présence
de la glycoprotéine D2, le système immunitaire produit
des anticorps. Mais on s'est aperçu que l'immunité
cellulaire la plus importante ne se déclenchait pas automatiquement.
On a donc ajouté un immunostimulant (ou adjuvant potentialisateur)
à la glycoprotéine.
L'herpès labial (feux sauvages) et l'herpès génital
sont deux formes de maladies liées à l'herpès
simplex. L'herpès labial est causé en général
par le virus HSV1 tandis que l'herpès génital l'est
par le virus HSV2, le plus souvent. L'inverse est aussi possible.
Si les deux types de virus partagent 50 % du même matériel
génétique, la glycoprotéine possède
quant à elle du matériel antigénique propre
aux deux virus à 86 %. Il n'est donc pas impossible qu'en
mettant au point un vaccin à partir de l'enveloppe du virus
HSV2 on réussisse à renforcer le système
du sujet efficacement contre le virus HSV1.
Le vaccin aurait même des effets bénéfiques
chez les personnes souffrant déjà de la maladie,
car il permet d'augmenter le nombre d'anticorps dans le système.
Sujets recherchés
Depuis 1983, on combat les effets de l'herpès à
l'aide d'un médicament antiviral appelé Zovirax.
Mais en dépit de cette découverte, le virus a continué
de se répandre. Deux nouveaux médicaments, le Famciclovir
et le Valaciclovir, viennent tout juste de faire leur apparition
au Canada.
La recherche pour mettre au point un vaccin a été
amorcée par le médecin belge Pierre Van de Papelière
et en est rendue à la phase trois, c'est-à-dire
l'expérimentation du virus sur des sujets humains.
Jusqu'à maintenant, 4000 personnes ont reçu le vaccin
dans le monde, dont environ 70 à l'hôpital Notre-Dame.
D'autres candidats sont toujours recherchés.
Essentiellement, on administre trois doses de vaccin en six mois.
Puis les patients sont suivis durant 12 mois. Les effets secondaires
sont bénins et le plus souvent locaux, dit le Dr Lassonde:
sensation de brûlure, douleur et légère élévation
de la température à l'occasion.
Si vous souhaitez participer à la recherche, communiquez
avec Audrey Branconnier au 876-5699.
André Duchesne