L'Université de Montréal à Bangkok?

L'Université de Montréal est maintenant membre du Canadian Universities Consortium (CUC), qui comprend aussi les universités de Calgary, de York, de Waterloo et de Colombie-Britannique. Le consortium doit mettre en oeuvre un projet de partenariat, financé par l'ACDI (5,5 millions de dollars sur quatre ans), pour réaliser un programme du Urban Environmental Management (UEM) à l'Asian Institute of Technology (AIT) de Bangkok.

Le projet comporte trois volets:

l. un programme de deuxième cycle et un autre de troisième cycle en gestion urbaine de l'environnement, déjà approuvés par l'AIT et dépendant de la Faculté de l'environnement, de la recherche et du développement (SERD-AIT); il accueille des étudiants de toute l'Asie, surtout de l'Asie du Sud-Est;

2. un programme d'information et de formation continue à l'intention d'experts et de professionnels asiatiques par le biais de formations courtes, de séminaires, de colloques et d'ateliers;

3. le transfert de l'expertise canadienne par des partenariats dans le secteur privé et par le biais de recherches appliquées, de projets de démonstration et d'expositions.

Il devra y avoir collaboration entre ces trois sous-projets dans les domaines qu'ils auront en commun, à savoir la gestion intégrée de l'environnement, de l'eau, des transports, des ressources et de la consommation énergétique en milieu urbain, le design environnemental urbain ainsi que l'évaluation environnementale et son suivi.

La participation canadienne sera coordonnée et administrée par le conseil de direction du CUC, composé d'un représentant de chacune des universités membres. J'y représente l'Université de Montréal. Le secrétariat est situé à l'Université de Calgary. La partie du projet concernant le transfert de l'expertise du secteur privé sera suivie par des représentants du secteur privé et par Environnement Canada.

Les universités membres du consortium seront invitées à détacher, pour des périodes de trois à six mois, et même plus, des professeurs pour offrir des cours à l'AIT, quand celui-ci manquera de ressources, ou pour aider ses professeurs à réorienter leurs cours.

En matière de formation continue, les universités canadiennes sont invitées à répondre favorablement aux demandes et à proposer des projets.

Elles seront aussi invitées à soutenir le développement de recherches ciblées sur des problématiques asiatiques et garantissant des retombées immédiates sur l'enseignement et sur l'encadrement des étudiants inscrits à la maîtrise ou au doctorat.

Enfin, elles pourront prendre l'initiative de proposer des activités de développement et de démonstration à la condition qu'elles le fassent dans le cadre de partenariats avec le secteur privé.

Deux bourses par année sont offertes dans chacune des universités canadiennes partenaires pour des étudiants inscrits à la maîtrise ou au doctorat, qu'ils soient canadiens ou asiatiques; ces derniers doivent réaliser une recherche dans un des domaines visés par le projet et ayant des applications en Asie. La bourse couvre toutes leurs dépenses pour un séjour de trois mois en Asie. Une partie de ce séjour doit se faire à l'AIT sous la supervision d'un professeur rattaché au programme, l'autre doit consister en une étude appliquée sur le terrain.

Les étudiants asiatiques, inscrits dans le programme à l'AIT, peuvent aussi obtenir une bourse pour venir étudier dans une des universités canadiennes partenaires. Ils peuvent également profiter sur place de bourses de recherche pour assister des professeurs et des chercheurs, canadiens ou asiatiques.

Toute participation canadienne doit se faire dans la cible exacte du projet: la gestion urbaine de l'environnement. À l'occasion d'un séjour récent à l'AIT, j'ai pu cerner les premiers besoins du programme qui, à court et à moyen terme, aura besoin d'une expertise pour l'enseignement et la recherche dans les sous-domaines suivants:

• droit de l'environnement, perspectives nationales et internationales, application en Asie;
  
  
• résolution de conflits en environnement (négociation et médiation, participation du public...);
  
  
• gestion urbaine (développement communautaire, gestion financière des services urbains, recouvrement des coûts, applications du principe «pollueur-payeur»);
  
  
• design environnemental en milieu urbain, surtout gestion et design des paysages;
  
  
• gestion intégrée des transports urbains, incluant mesures d'atténuation du trafic, planification des infrastructures au sol, prise en compte de l'impact des infrastructures à construire sur la relocalisation des populations;
  
  
• évaluation, gestion et mitigation des risques environnementaux, d'origines naturelle et humaine, introduction de standards internationaux de sécurité et contrôle d'application des normes;
  
  
• évaluation d'impact environnemental comme composante du processus de décision, évaluation environnementale rapide, processus d'évaluation proposé et parfois imposé par la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement et l'ACDI.

Les demandes de coopération dans ces secteurs seront formulées par l'AIT et le CUC se chargera de recruter les ressources canadiennes dans les universités partenaires par le moyen d'appels d'offres de service. Pour répondre aux demandes et besoins de l'AIT, nous pourrons également compter sur les ressources offertes par la coopération internationale de la Suisse et par le bureau régional de US AID.

Pour les professeurs, chercheurs et étudiants diplômés de l'Université de Montréal, ce programme de coopération présente une occasion unique de développer leurs activités en Asie, dans un des centres d'études et de recherches les plus prestigieux de cette région du monde (AIT). C'est aussi une occasion de partager leurs connaissances et expériences avec la communauté scientifique internationale, fortement représentée à l'AIT.

René Parenteau
Institut d'urbanisme