Le programme de départ volontaire des professeurs
est victime des négociations.
Le Comité du
budget de l'Assemblée universitaire (AU), présidé
par Pierre Bordeleau, déposait le 2 décembre dernier
son rapport sur les états financiers 1995-1996. Ces états
financiers sont considérés comme «le reflet
de la fin d'un cycle budgétaire et d'une certaine façon
de gérer les finances de l'Université», lit-on
dans le rapport.
Le Comité ne peut que constater que la réalité
budgétaire ne correspond pas aux prévisions sur
lesquelles le budget était fondé et que l'équilibre
n'a pas été atteint. Voici les principaux constats:
En ajoutant à cela le coût du programme de départ
volontaire du personnel non enseignant (18,8 millions), la dette
de l'U de M atteint maintenant 42,2 millions de dollars (elle
était de 19 millions au terme de l'exercice précédent1).
Le déficit de l'exercice 1995-1996 est principalement dû
à une diminution de la clientèle étudiante
équivalant à 800 étudiants à temps
complet (-1,5 million) et au déficit d'opération
des facultés (-2,5 millions).
Les mesures de réduction du personnel ont pour leur part
entraîné une réduction de 3 millions de dollars
dans la masse salariale par comparaison à l'exercice 1994-1995.
Cette réduction atteint 396 000 $ chez le personnel non
enseignant et 2,6 millions chez le personnel enseignant. L'effet
du programme de départ volontaire chez le personnel non
enseignant ne se fera sentir que dans l'exercice actuel puisque
ces départs n'ont eu lieu que depuis le 1er juin dernier.
Les pronostics pour l'exercice en cours ne sont guère réjouissants;
en effet, on entrevoit déjà un déficit de
7 à 10 millions découlant notamment d'une nouvelle
diminution de la clientèle d'environ 700 étudiants
à temps plein. Un surplus de dépenses de 25 millions,
consacrés au programme de départ du personnel enseignant,
est également à ajouter au déficit, qui dépassera
donc les 75 millions de dollars.
Ceci ne tient pas compte des prochaines réductions de la
subvention gouvernementale, qui pourrait faire passer le déficit,
d'ici deux ans, à 100 millions de dollars si des mesures
«très sévères» de compressions
récurrentes ne sont pas mises en place. Ces mesures devront
commencer à se faire sentir «de façon très
significative dans les états financiers de 1996-1997, qui
seront le reflet du premier vrai budget de la nouvelle façon
de gérer les finances», estime le Comité.
Programme de départ retardé
On a également appris que le programme de départ
volontaire chez le personnel enseignant, prévu initialement
pour cet automne, est retardé. Malgré la somme de
25 millions consentie à ce programme par le Conseil de
l'Université, «il nous paraît essentiel d'obtenir
une entente avec le syndicat des professeurs pour atteindre des
résultats maximums», a souligné le vice-recteur
aux ressources humaines, Michel Trahan. «Le blocage ne porte
pas sur le contenu du programme mais est dû à des
questions de stratégies de négociations de conventions
collectives.»
Le président du SGPUM, André Tremblay, a tenu à
ajouter que «le retard n'est pas de notre fait» en
soulignant que la convention des professeurs est échue
depuis novembre 1994.
La place du français
L'Assemblée universitaire s'est également penchée
sur le rapport d'un groupe de travail chargé d'examiner
la place du français à l'Université de Montréal,
point inscrit au feuilleton depuis un an!
Ce premier rapport s'est plutôt limité à faire
un survol des politiques gouvernementales et institutionnelles
concernant le statut et la maîtrise du français,
sans procéder à une analyse diagnostique de l'état
du français ou du respect des politiques.
Plusieurs membres ont déploré cette approche trop
restreinte ne proposant aucun moyen d'action. Thérèse
Cabana, du Département de sciences biologiques, a signalé
que certains professeurs sont purement incapables de rédiger
en français, ce qui pose des problèmes très
graves dans la répartition des tâches. Stéphane
Molotchnikoff, du même département, a déploré
le manque de livres scientifiques français et leurs prix
exorbitants.
Hélène Delisle, du Département de nutrition,
s'est pour sa part inquiétée du fait que des étudiants
francophones peuvent rédiger leurs mémoires et thèses
en anglais. «Les profs publient à plus de 80 % en
anglais», lui a signalé Louis Maheu, doyen de la
FES, en ajoutant que le débat devait aussi prendre en considération
l'objectif de l'acquisition des langues étrangères
à l'université.
La problématique allant bien au-delà du portrait
dressé par le rapport, les membres de l'AU ont convenu
qu'il fallait pousser l'étude de la question plus loin
avant de se pencher sur un éventuel projet de politique.
L'Assemblée a par ailleurs adopté la déclaration
commune sur la défense de l'université, présentée
par la coalition d'organismes à la journée de réflexion
du 20 novembre dernier.
Daniel Baril
1. La liste présentée ici des éléments
composant le déficit n'est pas exhaustive.