Le pavillon ultramoderne rassemble étudiants et professeurs.
Marchant d'un pas alerte dans les
rues de Côte-des-Neiges, harangués par les anciens
armés de fusils à eau, clamant haut et fort leur
dévotion au dieu «Administron», les centaines
de nouveaux étudiants du baccalauréat ont fait une
entrée remarquée dans le nouvel immeuble de l'École
des Hautes Études Commerciales lundi dernier.
Ah! Ils avaient fière allure, bien tassés derrière
une bannière de leur école et chantant des refrains
dignes des condamnés à... l'initiation. Sur le parvis
de leur nouveau temple, professeurs et membres du personnel les
ont accueillis en applaudissant. Le directeur de l'École,
Jean-Marie Toulouse, et le président du conseil d'administration,
Serge Saucier, étaient sur place. Ce dernier se pâmait
devant l'immeuble dont la construction n'est pas tout à
fait terminée.
«Nous sommes en avance d'une semaine ou deux sur le calendrier
des travaux, a par contre mentionné la directrice des communications
de l'École, Katleen Grant, en accueillant les représentants
de Forum.
Derrière l'entrée impériale du chemin de
la Côte-Sainte-Catherine se trouve un immeuble ultramoderne,
d'une superficie de 25 000 mètres carrés nets (un
tiers plus grand que celui de l'avenue Decelles) et doté
d'équipements à la fine pointe de la technologie.
Sous les planchers courent 130 kilomètres de câbles
à fibres optiques et coaxiaux. «Dans chaque classe,
les étudiants pourront éventuellement brancher leur
ordinateur portatif», mentionne Mme Grant.
Les salles de classe sont dessinées en hémicycle
pour favoriser une interaction optimale des étudiants entre
eux et avec le professeur. Chacune portera éventuellement
un nom de commanditaire, gracieuseté de la campagne Opération
Carrefour HEC qui va rondement. C'est de cette façon que
les étudiants s'y retrouveront. Certains cours seront donnés
dans la salle Gérard-Parizeau, d'autres à la salle
Saine Marketing, etc.
Aussi à chaque étage correspond une fonction.«Les
services aux étudiants sont au rez-de-jardin, les salles
de classe au premier étage, la bibliothèque au deuxième,
les locaux de la recherche au troisième, les services et
les bureaux de l'administration aux quatrième et cinquième»,
résume Mme Grant.
L'union fait la force
Aussi paradoxal que cela puisse
paraître, cet immense bâtiment permettra de rapprocher
la communauté «hecienne» et de créer
une nouvelle synergie, selon Mme Grant.
«Nous n'avons pas bâti cette école pour accueillir
plus d'étudiants, mais pour leur permettre d'être
ensemble, dit-elle. L'immeuble de l'avenue Decelles avait été
construit en fonction d'une communauté de 5000 étudiants;
nous en avions 9000 au cours des dernières années.
Maintenant, étudiants et professeurs seront répartis
dans seulement 2 bâtiments au lieu de 10.»
La nouvelle école compte un stationnement de 475 places
contre... 17 à l'ancienne et une cafétéria
où seront servis des repas chauds, comparativement à
un rudimentaire comptoir alimentaire dans l'autre immeuble. Cafétéria
et stationnement sont gérés par la COOP-HEC.
L'École est divisée en quatre sections: bleu, vert,
jaune et rouge. Chacune d'entre elles est traversée par
un puits de lumière. Au quatrième étage,
une salle de réception s'ouvre sur un jardin-terrasse dont
le centre est orné d'une sculpture de Francine Larivée,
une des trois oeuvres installées dans le cadre du programme
d'intégration de l'art à l'architecture.
La bibliothèque a particulièrement retenu notre
attention. Quel espace! Quel lieu béni pour l'apprentissage!
Occupant sans compromis tout le deuxième étage,
celle-ci a été pensée pour faire entrer la
lumière du jour. Ici, les étudiants ont une vue
imprenable sur le boisé.
«Il s'y trouve toujours les 300 000 volumes et 7000 périodiques,
mais cette bibliothèque sera plus virtuelle, avec ses CD-ROM
et autres appareils», indique Katleen Grant.
Le coût global du projet, allant de l'achat du terrain jusqu'à
l'aménagement paysager, aura été de 101,1
millions de dollars, soit 8,1 millions de plus que ce qui avait
été prévu à l'origine.
L'ancienne école
On ne sait pas encore ce qu'il adviendra exactement de l'immeuble
de l'avenue Decelles.
«Le ministère de l'Enseignement n'a pas rendu sa
décision quant à l'octroi de crédits sur
le financement pour le réaménagement et la rénovation
du bâtiment», dit à ce propos Louise Joubert,
directrice de la Direction des immeubles de l'Université
de Montréal.
Selon le scénario initial, l'École des HEC occuperait
55 % des locaux tandis que le reste serait loué par l'Université.
Les deux administrations ont déposé une demande
commune pour l'obtention de crédits totalisant 14 millions
de dollars.
À la Direction des communications du ministère,
on nous confirme qu'une décision relative à l'adoption
du plan quinquennal 1996-2001 des immobilisations sera rendue
publique par le Conseil du Trésor dans les prochaines semaines;
mais on ne sait pas si la demande U de M-HEC sera acceptée
totalement, en partie ou reportée à l'étude,
l'an prochain.
Chose certaine, il y aura des étudiants de tous les programmes
- sauf du nouveau M.B.A.- des HEC qui suivront des cours cet automne
dans ce qui est maintenant convenu d'appeler l'ancien bâtiment.
André Duchesne
La réforme des programmes de baccalauréat en
administration des affaires (B.A.A.) et de maîtrise en administration
des affaires (M.B.A.), offerts à l'École des Hautes
Études Commerciales, a été favorablement
accueillie si l'on s'en remet à la hausse notable du nombre
d'étudiants inscrits cette année.
Au premier cycle, entre 750 et 775 étudiants étaient
attendus à la rentrée, comparativement à
une moyenne de 650 ces dernières années. Les chiffres
sont encore plus éloquents à la maîtrise;
le nombre de nouveaux étudiants a fait un bond de 165 à
280 inscrits!
Autant le directeur du B.A.A., Jacques Raynauld, que son homologue
du M.B.A., Alain Noël, voient dans ces données la
manifestation d'un intérêt indéniable des
étudiants pour ces programmes offerts pour la première
fois cet automne.
«Nous avons passé beaucoup de temps à élaborer
une formule qui réponde aux réalités d'affaires.
Les étudiants cherchent justement une formation leur permettant
de se démarquer dans le domaine», observe Jacques
Raynauld.
Le nouveau baccalauréat est plus dynamique avec son cours
obligatoire Entreprise en action; il se caractérise par
la collaboration d'une entreprise qui sert de modèle et
est étudiée de l'intérieur par les étudiants.
En 1996-1997, c'est le fabricant Sico qui sera analysé
sous tous les angles. «Le président-directeur général
et tous les vice-présidents viendront en classe. Des clips
seront tournés, par exemple sur les systèmes de
formation et la gestion des stocks de la compagnie», indique
Jacques Raynauld.
Au sujet de la hausse du nombre d'inscrits, M. Raynauld affirme
qu'elle est imputable non pas tant à une offensive de recrutement
de l'École qu'à un taux plus élevé
de réponse des étudiants.
Autrement dit, le nombre d'offres d'admission des HEC est demeuré
sensiblement le même; c'est le taux d'acceptation des candidats
qui augmente. Il est d'environ 60 % cette année.
«Pour nous, cela signifie que nous aurons plus d'étudiants
motivés et de bonne qualité. Il est vrai que le
fait d'admettre plus de gens cause plus de problèmes d'accueil
et de structuration, mais on ne se plaindra pas de recevoir plus
de bons étudiants», ajoute M. Raynauld.
L'attrait du nouvel immeuble, ses nouveaux équipements,
un nouvel horaire plus serré et le fait d'offrir des cours
en anglais comptent également parmi les facteurs ayant
attiré plus d'étudiants.
Le M.B.A. à plein temps plus populaire
Au deuxième cycle, le nouveau
programme «M.B.A. en action», qui se boucle en 54
semaines, a fait fureur. Le nombre d'inscrits à plein temps
s'est multiplié par trois en comparaison de la dernière
année, soit 127 au lieu d'une quarantaine.
«Notre ancien programme comprenait 60 semaines de cours
étalés sur deux ans. Maintenant, il est de 54 semaines
consécutives. C'est très intéressant pour
les inscrits, qui s'éloignent du marché du travail
pour seulement un an», soutient le directeur du M.B.A.,
Alain Noël.
Au total, le programme du M.B.A. accueillera 280 étudiants
cet automne, dont 127 à temps complet et 153 à temps
partiel. À pareille date l'an dernier, on dénombrait
165 nouveaux inscrits.
«Pour la rentrée, nous avions d'abord fixé
un plafond de 80 étudiants à temps plein et autant
à temps partiel. Avec la qualité des dossiers reçus,
nous avons fait grimper ce ratio à 120-120», précise
M. Noël. La différence avec les chiffres réels
s'explique par la transition d'une quarantaine d'étudiants
de l'ancien programme vers le nouveau.
En dépit de l'augmentation de la clientèle, le ratio
de candidats acceptés s'est légèrement resserré
par rapport aux années antérieures et tourne autour
d'un sur deux.
Outre sa durée intensive pour les étudiants à
temps complet, le programme du M.B.A. a été remanié
en profondeur, tant dans sa structure que dans son contenu, la
pédagogie, l'encadrement, etc.
Environ 15 % des personnes admises sont des étudiants étrangers;
en raison de l'éloignement, plusieurs sont inscrits à
temps complet.
A.D.