Le projet vise à favoriser l'intégration des
étudiants
et à contrer le décrochage.
Les étudiants qui entrent
cette année à l'École de service social pourront
bénéficier d'une forme d'encadrement pour le moins
originale et dynamique assurée par leurs pairs de troisième
année.
Ce programme, appelé d'ailleurs «projet Pairs»,
«vise à amener les nouveaux étudiants à
prendre en main leur milieu de vie et d'études afin de
favoriser leurs chances de réussite et de prévenir
les abandons», explique Danielle Grégoire, étudiante
à la maîtrise et coordonnatrice du projet pour l'année
1996-1997.
«Le projet a débuté il y a trois ans alors
que des professeurs de l'École sentaient le besoin d'aider
les étudiants à s'intégrer à la vie
universitaire», ajoute Ginette Berteau, chargée de
cours et superviseure du projet. «Ces professeurs avaient
noté que le tiers des étudiants présentaient
des résultats scolaires faibles ou faisaient face à
des échecs.»
Combattre l'anxiété
Selon une évaluation réalisée par des étudiants
de l'École, bon nombre de nouveaux étudiants aborderaient
les études universitaires avec la crainte de ne pas être
à la hauteur des exigences scolaires perçues comme
trop élevées. La compétition et l'aspect
impersonnel des structures de l'université entraveraient
par ailleurs l'intégration à la vie communautaire.
De plus, les besoins d'aujourd'hui étant ce qu'ils sont,
plusieurs doivent travailler en même temps qu'ils poursuivent
leurs études, ce qui laisse peu de temps pour les loisirs
et peut nuire aux résultats scolaires.
«Plus les étudiants sont informés des ressources
et plus ils sont intégrés à la vie universitaire,
mieux ils peuvent réussir le premier trimestre et moins
ils risquent d'abandonner», observe Mme Berteau.
Le «projet Pairs» entend s'attaquer à ces problèmes
en tentant de réduire l'anxiété face aux
études universitaires, en offrant de l'information sur
les ressources disponibles à l'Université, en favorisant
la création d'un réseau d'appartenance et en recherchant
l'équilibre entre les études, le travail et la vie
personnelle.
D'un encadrement individuel et obligatoire à l'origine,
la formule a évolué vers des activités de
groupe à participation volontaire. De 40 parrainés
de premier cycle en 1993, le nombre est passé à
60 en 1994, puis à 65 en 1995. Cette année, on compte
accueillir 75 étudiants.
Le projet comporte présentement trois volets: un encadrement
pédagogique, un groupe d'entraide et un service de soutien
à la coordination des activités. Le volet de l'encadrement
pédagogique, qui se déroule dans la semaine précédant
le début des cours, occupe quatre journées de six
heures chacune. «Nous abordons les questions reliées
aux méthodes de travail, comme la rédaction de travaux,
la recherche en bibliothèque ou encore la préparation
aux examens», poursuit Danielle Grégoire. Cette formation
est assurée par Ebrahim Seye, chargé de cours à
la Faculté de l'éducation permanente.
Les rencontres de groupe sont quant à elles animées
par les étudiants de troisième année, à
raison de quatre ou cinq pour chacun des deux trimestres de la
première année du bac. On y traite des questions
d'entraide - sur les plans tant pédagogique que personnel
-, comme les craintes de chacun, les exigences propres des professeurs,
les rôles sociaux, la gestion de son temps, la réalité
de vie de chacun, etc. «Nous avons un programme cadre pour
ces rencontres, mais nous faisons aussi preuve de souplesse afin
de répondre aux besoins particuliers de chaque groupe»,
précise la coordonnatrice.
La supervision des activités est assurée par Ginette
Berteau, qui voit également à la formation des parrains
et qui assure la bonne marche du projet.
La Fédération des associations étudiantes
(FAECUM), qui s'intéresse aux initiatives d'encadrement
pour contrer le décrochage, accorde également son
soutien à ce projet sous forme d'aide technique et en le
faisant connaître auprès des associations étudiantes
des autres départements.
Impact
En avril dernier, après
trois ans d'activité, le directeur de l'École, Jean
Pannet-Raymond, a procédé à l'évaluation
du projet et s'est dit très heureux des retombées
de cette initiative. Il a même encouragé les étudiants
à être moins silencieux sur ce projet. Danielle Grégoire
entend d'ailleurs communiquer cette année avec les départements
de service social des autres universités afin de les inciter
à implanter des programmes semblables.
À l'occasion de ce bilan, des étudiants qui sont
passés par les deux étapes du projet, à titre
de parrainés et de parrains, ont estimé qu'une telle
expérience constituait une excellente occasion de mettre
en application certains des apprentissages liés à
leur futur travail, notamment les habiletés acquises au
cours de leur stage en milieu de travail.
Selon Ginette Berteau, qui s'est dite ébahie par l'aspect
formateur d'un tel laboratoire, les professeurs ont même
observé que les étudiants participant au projet
paraissaient plus soucieux de leur réussite et qu'ils montraient
plus de facilité à s'organiser.
«Nous avons par ailleurs dépisté quelques
cas d'étudiants en difficulté et les liens créés
dans les groupes de pairs ont permis à certains d'établir
une alliance de fraternité profonde», a-t-elle soutenu.
Une évaluation plus officielle du projet est prévue
dans le programme 1997-1998. L'expérience fournit en effet
du matériel de recherche pour des mémoires de maîtrise,
qui pourraient porter sur l'apprentissage réalisé
chez les étudiants parrains. À cet effet, les responsables
souhaitent ardemment qu'au moins un professeur de l'École
s'associe au projet, invitation reprise par Jean Pannet-Raymond.
Daniel Baril